Par Jérémy Joly

Le Goût du risque
En 1964, il tourne dans « L'Homme de Rio », de Philippe de Broca, qui est une comédie d'aventure dans laquelle l'univers de Tintin est très présent. Dans ce film, les scènes d'action s'enchaînent à un rythme infernal. Jean-Paul Belmondo exécute lui-même toutes les cascades à l’exception d'un saut en parachute. Il reçoit alors les conseils d'un des plus grands cascadeurs de son époque : Gil Delamare.
La scène la plus impressionnante du film est sans doute celle où son personnage, Adrien, passe d'un immeuble à un autre grâce à un câble. Au milieu du trajet, la nacelle tombe quarante mètres plus bas. Jean-Paul Belmondo se raccroche au câble et revient difficilement au point de départ grâce à la force de ses bras. Cette cascade a donné une frayeur à toute l'équipe. Toutefois, Belmondo, lui, a attrapé le goût du risque.
Devenu une véritable star du box-office, il entame les années 1970 avec un film où il se retrouve face à un autre monstre du cinéma Français, Alain Delon, dans « Borsalino ». La scène de la rencontre entre les deux acteurs devient mythique. La confrontation est inévitable, Roch Siffredi et François Capella se battent à coups de poing, fracassant tout sur le passage.
Cette scène représente parfaitement les carrières parallèles de Delon et de Belmondo. Les deux hommes se sont battus pour la course du box-office. Au final, Siffredi et Capella tombent à terre, épuisés, il n'y a aucun gagnant. En plus, ils deviennent amis, tout comme Belmondo et Delon le seront ensuite.
Des cascades en folie
En 1975, il interprète le rôle du commissaire Letellier, aux méthodes musclées dans « Peur sur la ville » d'Henri Verneuil. Lorsqu'il se lance à la poursuite de son ennemi juré, Marcucci, il ne fait pas les choses à moitié. Le commissaire grimpe sur les toits des Galeries Lafayette, sur lesquels il court, glisse, se suspend au bord et remonte. Quand Marcucci est dans le métro, Jean-Paul Belmondo ne se contente pas de prendre un ticket et de monter dans la rame comme le ferait n'importe quel passager. Grâce à la supervision de Rémy Julienne, Belmondo monte sur le toit du métro en marche. Lors de son passage sur pont de Bir-Hakeim, il est debout sur le métro face au vent avant de se recoucher pour éviter le haut d'un tunnel. Enfin, pour arrêter Minos, un dangereux maniaque, le commissaire se suspend à un hélicoptère et vient briser la vitre d'une fenêtre en haut d'un immeuble. Pour cette scène, Jean-Paul Belmondo a été entraîné par le GIGN.
Deux ans plus tard, Jean-Paul Belmondo interprète un cascadeur, le bien nommé Michel Gaucher, dans « L'Animal » de Claude Zidi. Il nous propose une parodie du métier de cascadeur. Il roule à toute vitesse dans une voiture qui finit par chuter et s'écraser. Michel Gaucher se retrouve le corps entier dans le plâtre. Une fois rétabli, il exécute, à de nombreuses reprises, une chute dans un escalier. A cause d'un acteur peu doué, les prises se multiplient et Michel Gaucher s'épuise. Qui mieux que Belmondo pour interpréter un cascadeur ?

Des cascades populaires
En 1980, une scène de la comédie loufoque « Le Guignolo » de Georges Lautner, marque l'esprit des spectateurs. Jean-Paul Belmondo se retrouve en caleçon blanc à pois rouge sur un bateau. Un hélicoptère fait soudainement son apparition. Belmondo se suspend et survole Venise avant d'être redéposé sur la terre ferme. Il exécutera à nouveau ce même style de cascade presque vingt ans plus tard dans « Une chance sur deux » de Patrice Leconte. Après avoir grimpé l'échelle accrochée à un hélicoptère, il annonce avec humour à Alain Delon et Vanessa Paradis : « Je vous préviens, c'est la dernière fois ! ».
En 1983, il interprète à nouveau un commissaire, toujours avec des méthodes expéditives, dans « Le Marginal » de Jacques Deray. Dans un bistrot, après avoir commandé un steack frites, il se présente aux frères Tourian, deux malfrats joués par les cascadeurs Michel Berreur et Yves Gabrielli. Juste après avoir plongé la tête de l'un d'entre eux dans une assiette de pâtes, le commissaire Jordan échange des coups et détruit complètement le décor. Cette bagarre est réglée par Claude Carliez. A bord d'une Ford Mustang, et avec la complicité de Rémy Julienne, Jean-Paul Belmondo rend également un hommage à Steve McQueen avec une scène de poursuite qui rappelle celle de « Bullitt ».
La fin du phénomène Belmondo
A la fin des années 80, le phénomène Belmondo s’essouffle. Il se bat contre Michel Constantin dans « Les Morfalous » et exécute des cascades en voiture dans « Joyeuses Pâques » avant de se blesser sérieusement dans « Hold-up » d'Alexandre Arcady. Dans « Le Solitaire », il interprète une dernière fois un flic de choc, personnage qui a fait la popularité de Jean-Paul Belmondo. Toutefois, en 1988, Claude Lelouch le met en scène dans « Itinéraire d'un enfant gâté », son dernier gros succès. Belmondo prend alors un dernier risque. Il se retrouve, dans une scène mémorable, face à un véritable lion. Il ne doit pas montrer sa peur sinon il se fait dévorer. Les deux se regardent... et le lion s'en va !
Jean-Paul Belmondo faisait partie de ces rares acteurs du cinéma à exécuter eux-mêmes leurs cascades. Son passé de boxeur et son goût pour le sport l'auront aidé à avoir cette capacité. Il arrivait aussi bien à faire rire qu'à apporter de l'action dans ces scènes physiques. Au cours de sa carrière, il a développé ce goût du risque dans un seul but : offrir au public un grand spectacle de cinéma !