Par Jérémy Joly
En parallèle d'une carrière d'actrice, Marion Laine a réalisé plusieurs courts-métrages avant de se lancer en 2008 dans la mise en scène de son premier long-métrage, "Un cœur simple". Il s'agit de l'adaptation de la nouvelle de Gustave Flaubert, où elle y dirige pour la première fois Sandrine Bonnaire. Son dernier film sorti au cinéma remonte à 2012, "À cœur ouvert", avec Juliette Binoche à l'affiche. Elle a également réalisé pour la télévision "Le Fil d'Ariane" (2011) et "Ce soir-là et les jours d'après" (2019).
À travers ce quotidien, "Voir le jour" met en lumière les conditions pénibles de ce travail, avec une forte fatigue physique et psychologique du personnel soignant. Ces personnes travaillent souvent en sous-effectif et avec une hiérarchie parfois peu à l'écoute. Pour ne rien arranger, dans le film, des manifestants anti-IVG viennent protester tous les jours devant la maternité. "Voir le jour" rend donc un vibrant hommage aux soignants, qui font preuve d'un courage admirable.
"Voir le jour" se détache de temps en temps de la maternité, avec des scènes plus légères après les journées de travail difficiles. Jeanne retire sa blouse pour endosser le rôle de mère, ayant une fille adolescente, avec qui les relations peuvent être conflictuelles. Il y a également cette intrigue autour du passé étonnant de Jeanne que le spectateur va découvrir petit à petit à travers des flash-backs, afin de mieux comprendre le présent. Le scénario suit un schéma assez classique, avec une histoire émouvante qui permet d'aborder des sujets dramatiques pour enfin finir vers une note plus joviale. La réalisation est un curieux mélange donnant l'impression d'être parfois devant un documentaire, lors des scènes d'accouchements, dans un téléfilm, avec des plans simplistes et dans un véritable film de cinéma avec des plans séquences subtilement réussies. La musique de Béatrice Thiriet vient accentuer l'émotion et colle parfaitement aux images.
"Voir le jour" est servi par une distribution remarquable. Nous retrouvons tout d'abord Sandrine Bonnaire, qui se fait bien trop rare dans le cinéma, sans doute parce qu'elle choisit les rôles. Et lorsqu'elle en trouve un qui lui correspond, elle décide de se donner à 100%, ce qui fait d'elle une actrice justement appréciée. Un film avec Sandrine Bonnaire à l'affiche est souvent un signe de qualité. Ensuite, notons la présence d'Aure Atika ou encore de Nadège Beausson-Diagne, mais aussi de la brillante Sarah Stern qui vient apporter une petite touche comique au film avec un personnage attachant. Enfin, Kenza Fortas, qui interprète une jeune stagiaire, a une présence incroyable à l'écran. Il s'agit de son deuxième film, le premier étant "Shéhérazade", avec un rôle qui lui a valu de recevoir le César du meilleur espoir féminin. Il ne serait pas étonnant que cette actrice fasse une belle carrière au cinéma !
"Voir le jour" est un film touchant qui ne laissera sans doute personne insensible par ses différents thèmes et la remarquable interprétation des actrices.
Bonus :
- Des scènes commentées par la réalisatrice Marion Laine qui dévoile quelques secrets sur la fabrication du film, ses intentions et parle de sa collaboration avec les techniciens. Ses propos permettent d'avoir un nouveau regard sur le film et de faire plus attention aux détails.
- Six scènes coupées qu'il est intéressant de découvrir. Certaines ont tout simplement été réduites au montage final comme celles d'un concert ou bien de la danse de Sarah Stern. Grâce aux bonus, ces scènes sont visibles dans leur intégralité.
- Le deuxième court-métrage de Marion Laine intitulé « Derrière la porte » réalisé en 1999. L'histoire est celle d'une petite fille nommée Lise qui passe ses vacances à la campagne chez sa tante. Elle vit dans l'attente des trop rares visites de sa mère. Nous retrouvons le thème de la relation parfois difficile entre mère et fille, qui est également évoqué dans "Voir le jour".
Tous nos contenus sur "Voir le jour" Toutes les critiques de "Jérémy Joly"